''J'ai joué plus un sur les 17 autres trous suivants pour une ronde de 81, relate-t-il. J'avais réussi une partie d'à peine 22 coups roulés! La compétition se déroulait sur deux jours. Le lendemain, j'ai joué 73. J'ai gagné juvénile et j'ai pris le deuxième rang du classement général, derrière un joueur junior qui avait joué 73 la veille et 77 le lendemain.''
Cela se passait dans l'État de New York. Le calibre de joueurs était très élevé pour ce tournoi où s'affrontaient les meilleurs juniors et juvéniles du Québec et de la région d'Ottawa. Peu de golfeurs auraient su remonter la pente après un début aussi laborieux, mais c'est peut-être la clé du succès du jeune joueur du Royal Québec, la force du mental, pour reprendre la célèbre phrase de Bob dans Les Boys.
Calme et simplicité
''Oui, le mental, convient Charles-Éric, c'est pas mal ma force. Je ne traine jamais un mauvais coup et je n'abandonne jamais. De nature, je suis très calme et sur le terrain, j'essaie de garder cela le plus simple possible.''
Pas de doute, sa façon de faire fonctionne à merveille. Il a été dominant tout au long de la saison qui se termine, accumulant les victoires les unes après les autres (voir encadré), seul ou en équipe, et récoltant une médaille d'or aux Jeux du Québec en compagnie de Charles-David Trépanier. Il a été de l'équipe des golfeurs de moins de 17 ans qui a réécrit l'histoire, récemment, en mettant la main sur la Coupe Williamson, exploit que le Québec n'avait jamais réussi depuis le début de cette épreuve il y a 51 ans.
D'accord, c'est solide entre les deux oreilles de cet ado. Mais il n'y a pas que cela. Pour jouer du golf aussi bon, il faut avoir du talent.
''À notre niveau, dit-il, tous frappent bien la balle. Moi je me concentre davantage sur le putting. C'est souvent là la différence, ce qui me procure la victoire.''
Une question de gênes
Charles-Éric Bélanger s'amuse sur les allées de golf depuis l'âge de neuf ans. Il accompagnait d'abord son père Patrick, excellent joueur qui détient toujours le recours du parcours au Royal Québec avec une marque de 63, puis avec les années, les rondes avec les copains se sont succédé.
''L'été, au Québec, précise-t-il, je joue facilement plus de 80 parties. Avec l'Académie Saint-Louis, on passe plusieurs semaines dans le sud des États-Unis pendant l'hiver. Alors je dois jouer plus d'une centaine de parties par année.''
Cet été, lors de la compétition parent-enfant au Royal Québec, son père et lui ont joué 61! C'est donc dire que la génétique, dans son cas, fait son oeuvre.
''Oui mais je dois dire que jamais mon père ne m'a mis de la pression. Je n'ai jamais senti qu'il pourrait voir en moi le fils qui se rend là où le père n'a pu aller. C'est plutôt moi qui mettait de la pression sur mon père pour qu'il m'amène plus souvent au golf'', lance le jeune homme, sourire en coin.
Comme de nombreux jeunes Québecois, l'attrait pour le hockey était là mais la piqure du golf est vite venue avec les bons résultats qu'il ramenait et tout le plaisir qu'il prenait à frapper la petite balle blanche.
''À l'âge de 11 ans, au début de l'été, se souvient-il, cela m'a pris deux semaines pour casser le 100, puis le 90 et enfin le 80! Quand cela arrive, on prend vite goût au golf!''
Le Big Tour dans la mire
Et c'est pour cela qu'il rêve de conquérir les plus hauts sommets, d'atteindre un jour le Big Tour, comme il le dit. Il ne sait pas encore dans quel domaine il souhaite étudier une fois à l'université, mais pour ce qui est du golf, il n'a pas de doute sur ses objectifs.
''Je souhaite aller dans une université américaine pour faire partie de leur programme de golf, mentionne-t-il, mais je ne sais toujours pas dans quoi j'aimerais étudier. Mon seul objectif c'est de gagner une place sur l'équipe junior canadienne en 2016, soit une fois que j'aurai l'âge pour y être admis.''
Si le récent passé est garant du proche avenir, Charles-Éric Bélanger devrait se promener d'un océan à l'autre dans quelques années.
*Droits d'auteur Martial Lapointe. Toute reproduction de ce texte doit recevoir l'approbation de l'auteur.