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dimanche 27 juillet 2014

portrait : pierre-luc darveau


   Lévis - Était-ce le destin? Une balle de golf qui atteint le bedon de sa maman enceinte de lui... Toute qu'une initiation à un sport, pour Pierre-Luc Darveau, un sport devenu son gagne-pain et qui lui fait vivre depuis de belles émotions comme celle du 13 décembre dernier lorsque PGA Canada lui annonçait, au téléphone, qu'il recevrait le prix Moe Norman décerné au meilleur adjoint de pro au pays!
   ''Après le coup de fil, j'ai ouvert un magnum d'un excellent vin reçu en cadeau quelques mois plus tôt, rappelle Pierre-Luc Darveau, tout sourire. Puis j'ai appelé ceux à qui une bonne partie de ce prix revenait aussi, soit Maxime Beaulieu et Pierre-Luc Bergeron. Ce sont eux qui m'ont accepté dans l'équipe B2Golf et avec qui j'ai pu monter des programmes intéressants. Ces mêmes programmes qui ont plu aux gens de PGA Canada.''
   Pierre-Luc Darveau travaille depuis trois ans à l'académie B2Golf, basée au club de Lévis. C'est à sa deuxième année seulement que ses efforts ont été récompensés par l'association des pros du pays.
   Petits et grands
   ''Je crois que nos méthodes d'enseignement et nos différents programmes d'initiation au golf sont de qualité. Maintenant, avec ce prix, c'est bien de savoir que tout cela est reconnu'', dit le jeune homme avant de se lancer, avec un enthousiasme à peine retenu, dans une description du travail réalisé.
   Et à l'écouter, on apprend qu'il a su attirer autant les petits que les grands, trouvant une façon de convaincre les parents de s'adonner au golf avec leurs enfants qu'ils amenaient à l'académie.
   ''Quand les jeunes débutent au golf, explique-t-il, il est important d'assurer un bon suivi, que les instructions lancées pendant les cours soient appliquées en situation de jeu. Alors on allait voir les parents et on leur disait quoi surveiller chez leurs enfants lorsqu'ils joueraient avec eux. On leur rappelait aussi de ne pas leur mettre de pression.
   ''Mais ce n'était pas toujours évident pour certains parents qui n'étaient pas initiés au golf, poursuit-il. L'idée de créer un programme juniors-adultes est venue de là. On a créé des incitatifs, on a rendu plus facile les possibilités de jeu parents-enfants et cela a bien fonctionné.''
   Musique et construction
   Pierre-Luc Darveau est le premier Québécois à recevoir le prestigieux trophée Moe Norman. Le seul et unique, donc, jusqu'à maintenant. Mais il suffit d'échanger avec lui quelques instants pour découvrir quelqu'un de particulier, de justement... unique. Certes, il y a l'anecdote de la balle de golf sur le ventre de sa maman enceinte, mais le parcours de ce professionnel du golf reflète, par son cheminement peu conventionnel, cette personnalité singulière.
   Après ses succès comme junior, le golfeur membre du club de Rivière-du-Loup se lance dans la musique. Le groupe de hip hop DarVo connaît un certain succès avec la pièce Waiting For, ce qui l'incite à gagner la Métropole.
   ''Là-bas, j'ai étudié et travaillé dans l'audio-visuel, raconte-t-il d'une voix cette fois moins enjouée. Ce fut le début de temps plus difficiles. L'argent se faisait rare et les seules balles de golf frappées pendant ces années, c'était dans un petit champ d'exercice près du Stade Olympique.''
   Puis retour dans la région de Québec où il trouve un emploi dans la construction, lui qui avait étudié la menuiserie après son secondaire. La situation financière se replace et cela lui permet d'aller frapper plus souvent des balles. Et c'est là que l'équipe de B2Golf l'approche.
   Sous les branches
   À 28 ans, Pierre-Luc Darveau ne peut que constater qu'il était destiné pour le golf. Aujourd'hui, sa vie tourne autour de cette activité à plein temps, lui qui enseigne entre 45 et 60 heures par semaine à l'année longue. Il ne s'en plaint pas, bien au contraire. Surtout lorsque de petits moments charmants se pointent, comme celui où une gamine, qui le voit passer près d'elle au champ d'exercice l'arrête pour lui montrer ses progrès.
   ''Regarde Pierre-Luc, je frappe beaucoup mieux mes coups d'approche en hauteur'', lance la petite Clara Lesvesque, une de ses élèves depuis trois ans, avant de s'élancer et de frapper une belle balle tout en hauteur et bien droite. Cela vaut bien un ''high five'', une bonne tape main à main que le pro s'empresse de faire avec la fillette.
   Les yeux brillants, visiblement heureux, Pierre-Luc Darveau replonge dans le passé et lance: ''Et dire qu'avant la formation que j'ai eue pour me joindre à l'équipe de l'académie, je n'ai jamais suivi de cours de golf. Le seul conseil que j'ai eu, c'est le pro de Rivière-du-Loup à l'époque, Loïc Jouan (maintenant à Saint-Pacôme) qui me l'a donné parce que je coupais la balle. Dans mon élan, je frappais ''over the top'', comme on dit. Il m'a alors suggéré de frapper des balles sous les branches pendantes d'un arbre. Cela a marché!''
   Encore une façon unique de faire pour Pierre-Luc Darveau, bref, son destin quoi! La remarque le fait sourire puis il devient songeur. ''On fait toujours des choix et parfois il y a des doutes, on n'est pas sûr, justement, de faire le bon choix. Quand j'ai choisi de quitter la construction avec le bon salaire pour enseigner le golf, là je crois que j'ai fait un bon choix'', lance-t-il en brandissant le diplôme faisant mention de son prix Moe Norman.
    Parlant de choix, celui fait par les autorités régionales du golf de nommer Pierre-Luc Darveau comme entraîneur des jeunes de la Capitale Nationale qui iront aux Jeux du Québec, cet été, en est un qu'on ne peut contester.

*Droits d'auteur Martial Lapointe. Toute reproduction de ce texte doit recevoir l'approbation de l'auteur.

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